Pour Historiens et Géographes : article sur la Russophonie

 

Titre : La Russophonie : Espace de cultures anciennes pour de nouvelles  Solidarités

 

 

En Estonie, en Ukraine, en Géorgie, l’usage de la langue russe sert de pretexte ou se retrouve aujourd’hui au centre de conflits et de tensions. Pourtant, l’usage d’une langue régionale d’importance mondiale qui implique un certain nombre de références communes et permet une communication privilégiée entre nationalités et un accès à l’international est incontestablement une richesse et un avantage pour tous les peuples qui en disposent, pourvu que son utilisation soit bien définie et appréhendée par tous. Personne ne doute de la nationalité de Senghor ou de Céline Dion lorsqu’ils parlent français. Pourquoi douterait-on de celle de Saakachvili (président géorgien) ou de Iouchtchenko (président ukrainien) lorsqu’ils parlent russe ? Il n’y a qu’eux mêmes pour en douter. Est-ce une raison de priver leurs peuples d’un patrimoine commun qui ouvre objectivement  un champ non négligeable de coopérations et de solidarités et non de divisions, sans compter que parfois une partie de ce peuple est de langue maternelle russe et l’empêcher de la pratiquer est une atteinte à une liberté reconnue et évidente de nos jours en Europe. Mais la russophonie c’est bien plus qu’une défense du droit de minorités ethnico-linguistiques. La russophonie c’est un patrimoine commun de tous les peuples concernés.

 

La notion de russophonie répond à la réalité géopolitique contemporaine, quinze ans après l’éclatement de l’URSS, et les vagues d’émigration de populations russophones qu’a connues le siècle dernier dans le monde entier. Elle recouvre aujourd’hui un espace important dépassant de beaucoup la seule Russie et concerne environ 300 millions de personnes à l’échelle mondiale. Elle est le produit de l’Histoire, de migrations de populations et des progrès techniques.

 

A la suite des bouleversements du XX-ème siècle, de nombreuses populations, administrées à certains moment par l’Empire russe, l’URSS, ou plus tard, la Fédération de Russie, voire d’autres Etats ex-soviétiques, se sont trouvées dispersées de par le monde. Soit en tant qu’entités ou nations partiellement russophones, soit en tant qu’individus, pour qui la langue russe est une part plus ou moins importante de leur personnalité, de leurs connaissances et de leur culture.

 

 Diaspora et patrimoine universel

 

Aujourd’hui, ces populations russophones sont souvent installées définitivement dans leurs Etats d’accueil, auxquels elles se sont intégrées et dont elles sont devenues membres à part entière, tout en conservant, en plus de la langue locale, l’usage de leur langue d’origine.

 

Pour d’autres, des Etats ayant recouvré leur indépendance ou l’ayant acquise après l’implosion de l’URSS, disposent de fait d’une double culture et d’une langue supplémentaire, en plus de leur langue nationale. Elle s’avère particulièrement utile pour la communication entre nationalités et pour accéder à des connaissances et des technologies peu accessibles dans des langues plus locales.

 

Il en résulte que la langue russe est devenue un patrimoine mondial, une richesse commune à de nombreux Etats, nations et personnes dispersés à travers tout le globe.

 

Sur internet, où le monde russophone se montre particulièrement actif et créatif, la russophonie est une réalité mondiale concrète et vivante.

 

De nombreux voyageurs et migrants modernes, compte tenu d’une certaine ouverture des anciennes frontières de « l’Est » et grâce aux moyens de transport contemporains, véhiculent largement la langue russe qui est leur, en plus parfois d’une langue plus rare ou plus locale, et s’en servent pour communiquer au cours de ces déplacements et pour leurs échanges de toutes natures.

 

La communauté russophone s’enrichit à nouveau chaque année de personnes de différentes nationalités qui accèdent à la langue russe à travers son enseignement dans de nombreux pays. Après un recul sensible durant les 15 années de bouleversement que l’on vient de connaître, le russe redevient « utile » grâce au poids économique de la Russie et des marchés auxquels il facilite l’accès, dont le tourisme n’est pas le moindre.

 

La manifestation concrète de la russophonie est ainsi l’utilisation de la langue russe comme un outil privilégié, et parfois unique, d’accès à la culture, aux connaissances et aux technologies modernes, de communication et d’échanges, notamment commerciaux, à travers le monde entier. Dans des pays comme la Tchèquie où le russe était mal ressenti après l’invasion soviétique de 1968, on voit aujourd’hui partout des inscriptions et indications en russe et les commerçants vous parlent spontanément en russe. Même en Pologne, où la mauvaise volonté pour apprendre le russe, pourtant voisin sur le plan linguistique autant que géographique, était proverbiale et où aujourd’hui à nouveau la haine du voisin est cultivée, les citoyens ordinaires se mettent à pratiquer une langue utile pour leurs échanges commerciaux.

 

des antagonismes irrationnels

 

La russophonie est un espace linguistique et culturel commun à de nombreux peuples, indépendamment de leurs appartenances ethniques, nationales, religieuses, politiques voire même stratégiques. C’est un patrimoine commun unifiant de fait des populations parfois poussées à l’affrontement, notamment dans le chaos post-soviétique.

 

Car cette vocation unificatrice et pacifique, à priori enrichissante pour tous ceux qui disposent à un titre ou un autre de la connaissance du russe (comme de toute autre langue et culture), est parfois dévoyée et transformée au contraire en objet d’antagonisme, de pression et par là même de conflit. C’est malheureusement le cas en Ukraine ou dans les Pays baltes.

 

Des nationalismes blessés dans le passé ou peu sûrs d’eux-mêmes cherchent à s’imposer en privant leurs populations d’une richesse supplémentaire réelle dont elles disposent de fait. Non contents de «tirer une balle dans le pied » de leur propre pays et de sa population, ils en arrivent à porter atteinte aux droits élémentaires de minorités, souvent importantes comme en Ukraine ou en Lettonie, en limitant leur liberté de se servir de leur langue.

 

D’autres pays en revanche, comme l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, l’Arménie ou Israël reconnaissent et utilisent pleinement les avantages du bilinguisme.

 

Le russe n’est plus la langue appartenant à la seule Russie. Il est devenu l’outil de communication commun privilégié, souvent indispensable et unique dans beaucoup de pays de l’ex-URSS voire de l’est de l’Europe ou entre personnes y ayant vécu. Il est un lien avec le reste de la communauté internationale.

 

Le maintien de son caractère mondial aux cotés d’autres langues comme le français, l’espagnol, l’allemand, l’arabe ou le portugais est aussi une importante garantie de préservation de diversité culturelle et intellectuelle dans le monde sous le monopole de fait de l’anglais. Une véritable œuvre de biodiversité dans le domaine culturel avec une implication réelle pour un monde vraiment multipolaire, meilleure garantie contre d’éventuelles hégémonies.

 

Ce caractère mondial justifie l’intérêt qu’on peut porter au russe également en France, à une échelle dépassant quelques spécialistes.

 

L’exemple de la francophonie

 

Compte tenu de nos tendances à rationaliser et classer les choses, c’est paradoxalement en France, pays faiblement russophone et où l’éducation nationale fait reculer l’étude du russe (laissant le champ libre aux cours privés florissants), qu’est née l’initiative de nommer la russophonie et de concrétiser notre volonté de ne pas rester en dehors de ce nouvel espace à vocation universelle.

 

Une Union des russophones de France a été créée en 2006 (www.russophonie.org) et un prix littéraire Rusofonia – Russophonie, récompensant la meilleure traduction de russe en français a été remis en janvier 2007 pour la première fois à l’issue de l’exposition Expolangues à Paris.

 

Bien sûr, l’exemple de la francophonie n’est pas étranger à l’initiative. Les Français ont bien compris maintenant que le rayonnement de leur pays a pu se maintenir dans le monde pour une bonne part grâce à la francophonie. Les Français disséminés ici ou là dans le monde n’auraient pas pu assurer la pérennité d’un tel espace culturel et linguistique, souvent source de solidarités sur d’autres plans. Ils se sont donc résolus à partager leur langue et à participer au développement du patrimoine commun.

 

Car la francophonie n’est pas née en France ! Elle a mis du temps à y être comprise et acceptée : près de deux cents ans, disent les Québécois ou les Cajuns… Il a fallu les indépendances africaines et des initiatives comme celles du poète-président sénégalais Léopold Sédar Senghor, soucieux de préserver le seul élément unificateur entre les nouveaux états indépendants, souvent artificiellement créés par la colonisation. Pour eux, la francophonie était une nécessité, un atout supplémentaire.

C’était moins évident pour la France car la France est naturellement francophone.

 

Tout comme la Russie d’aujourd’hui est naturellement russophone et pense plus en terme de « compatriotes à l’étranger » qu’en termes de partage de son héritage linguistique et culturel.

 

Au risque de décevoir ceux qui en Asie centrale, dans le Caucase, en Ukraine, voire même dans les pays balte, quelquefois malgré les propagandes hostiles et les tentatives d’antagonisme évoquées plus haut, restent attachés à la langue russe, partie intrinsèque de leur personnalité, sans pour autant renier leur propre langue, culture ou nationalité.

 

On retrouve la même aspiration parmi les russophones souvent nombreux en Israël, en Allemagne, en Australie, en Amérique ou en France. Hâtivement perçus comme « Russes », les Ukrainiens, Géorgiens, Biélorusses, Moldaves ou Lituaniens vivant dans ces parties du monde créent souvent une solidarité russophone de fait mais restent eux-mêmes. Ils ne peuvent plus être considérés simplement comme des compatriotes par les Russes ou comme des « Russes » par les autres.

 

Sur le terrain, dans la presse et la toile internet, la réalité s’est créée. Il lui restait à être nommée et définie. C’est chose faite en France.

 

Dimitri de Kochko

Journaliste-réalisateur

Président de l’Association France-Oural

Co-fondateur de l’Union des russophones de France

 

Encadré 1: Titre ; Et pourtant ils parlent russe…

 

En novembre dernier, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a demandé à son homologue ukrainien, Viktor Iouchtchenko d’être le parrain de son enfant. Les deux mènent actuellement une politique semblable d’hostilité à la Russie afin notamment de se faire admettre à l’OTAN. Mais ils ont un autre point commun : s’ils veulent parler sans interprète ils le font en russe !

Il en sera de même entre un Ouzbek et un Letton et bien souvent entre un Israélien et un Bulgare, sans même parler de l’ancien étudiant congolais en Urss qui souhaite communiquer avec un Australien descendant de cosaques ou le scientifique biélorusse d’Oklahoma city « chatant » sur internet avec un Allemand de la Volga revenu à Nuremberg…

DK

 

Illustration : photomontage « Rusofonia »

 

 

(pièce jointe)

Encadré 2

 

Cet « appel mondial » a été adopté par l’Union des russophones de France lors de son Assemblée constitutive en septembre 2006.

 

 

 

 

 

                                  APPEL MONDIAL POUR LA RUSSOPHONIE

 

 

1) Nous, russophones vivant dans différents pays du monde, de toutes nationalités et de

toutes langues maternelles, constatons que la langue russe s’avère être notre moyen de

communication commun souvent indispensable et unique et notre lien le plus sûr au

reste de la communauté internationale.

 

2) La langue russe est notre bien commun, quels que soient notre Etat et notre langue

maternelle ou les autres langues pratiquées. C’est pourquoi, nous souhaitons pouvoir la

pratiquer et assurer son caractère mondial ainsi que l’extension de son étude et de ses

utilisations dans le respect de la diversité des cultures et des civilisations de la planète.

 

3) La dispersion de russophones dans différentes parties du monde et dans différents Etats a

eu des raisons historiques, économiques, familiales et autres qui appartiennent au passé.

Compte tenu du progrès et des défis du monde contemporain, elle est appelée à se

poursuivre pour d’autres raisons et à renforcer son caractère universel et non plus lié à

un seul Etat du monde.

 

4) La communication entre russophones du monde existe d’ores et déjà, notamment par

l’Internet, les télécommunications et les mass media. Elle est intensive et riche par son

contenu dans tous les domaines de la création humaine mais elle demeure une réalité de

facto, sans reconnaissance ni garantie de pérennité face aux tendances à l’uniformisation

de l’espace culturel mondial.

 

5) Nous appelons d’abord les russophones eux-mêmes à prendre conscience du caractère

d’outil indispensable de la langue russe pour de nombreux pays et personnes, aussi bien

entre eux qu’au niveau mondial, au côté et dans le respect des autres langues pratiquées

dans leurs pays respectifs.

 

6) Nous appelons l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture

(UNESCO), l’Union européenne, les Gouvernements et les sociétés civiles concernés, à

reconnaître la valeur et l’utilité de la langue russe pour une plénitude de communication et

une richesse harmonieuse des cultures dans le monde contemporain.

 

7) Cette reconnaissance est assurée par la liberté d’user de la langue russe par toutes les

personnes et populations qui le souhaitent, quels que soient leur nationalité et leur

environnement culturel, ainsi que par la liberté de promouvoir l’étude du russe et son

utilisation au rang d’autres langues utilisées dans les communications mondiales.

 

8) Pour contribuer efficacement à la réalisation de ces objectifs, nous appelons dans le

monde entier à créer des Alliances russophones comme structures de promotion du russe

et du patrimoine culturel lié à cette langue dans leurs pays respectifs en conformité avec

leurs législations. Ces alliances auront pour vocation de se regrouper en réseau au sein

d’une Alliance Internationale des Russophones.

 

9) Nous nous adressons aussi à toutes les organisations et les personnes attachées aux valeurs

et à la préservation de la diversité des cultures et civilisations à se joindre à cet appel.

Paris – Septembre 2006 /DK

Union des Russophones de France (URF)

 

Le même en russe :

 

                    ВСЕМИРНЫЙ ПРИЗЫВ

                В ПОДДЕРЖКУ РУСОФОНИИ

1) Мы, русофоны, живущие в различных странах мира, люди разных национальностей и

разные по родному языку, заявляем, что русский язык является для нас общим

средством коммуникации, зачастую необходимым и единственным, а также нас прочно

связывает в среде международного сообщества.

2) Русский язык – наше общее достояние, независимо от гражданства, родного языка и

других языков, на которых мы говорим. Поэтому мы стремимся иметь возможность

общаться на этом языке и способствовать его всемирному распространению, а также

расширению сферы его изучения и использования, уважая принципы многообразия

культур и цивилизаций на планете.

3) Рассеяние русофонов по разным частям света и различным государствам происходило по

историческим, экономическим, семейным и прочим причинам, которые относятся к

прошлому. Учитывая сегодняшний прогресс и наличие вызовов современного мира,

рассеяние русофонов, очевидно, будет продолжаться по иным причинам. Оно будет в

большей степени становиться универсальным и не будет связано только с одной страной.

4) Общение между русофонами мира уже существует, благодаря Интернету, средствам

коммуникации и массовой информации. Это – богатое и насыщенное общение,

касающееся всех областей человеческой деятельности, однако оно представляет собой

реальность де-факто, не имеющую ни признания, ни гарантий, которые обеспечивали бы

его жизнеспособность в свете тенденции унификации мирового культурного пространства.

5) Мы обращаемся прежде всего к самим русофонам с призывом осознать, что русский язык –

это необходимое средство общения для многих стран и людей, как на личностном, так и

на мировом уровнях, наравне с другими языками стран проживания.

6) Мы призываем ЮНЕСКО, Европейский Союз, заинтересованные Правительства и

гражданское общество признать ценность и пользу русского языка с тем, чтобы

способствовать более полному общению и гармоничному u1074 взаимообогащению культур в

современном мире.

7) Подобное признание выражается в свободе говорить по-русски для отдельных

личностей и групп населения, которые этого желают, независимо от их

национальности и культурной среды, а также в свободе продвигать изучение русского

языка и его использование наряду с другими языками межнационального общения.

8) С целью эффективной реализации поставленных задач, мы обращаемся с призывом ко

всему миру создавать Альянсы русофонов в качестве структур по продвижению

русского языка и связанного с ним культурного наследия в различных странах, в

соответствии с законодательством последних. Предназначение таких Альянсов в том,

чтобы объединиться путем создания сети вокруг Международного Альянса русофонов.

9) Мы также призываем все организации и отдельных лиц, кто убежден в ценности и

важности сохранения культурного разнообразия, присоединиться к этому призыву.

СОЮЗ РУСОФОНОВ ФРАНЦИИ (СРФ) Париж , 16 сентября 2006 года

 

 

Résumé demandé en russe :

 

 

Cуть понятия «русофония» состоит в том, что во всех странах мира миллионы людей, независимо от их национальности, говорят на русском языке, который для многих из них является предпочтительным, а порой и единственным средством для доступа к культуре, современным знаниям и технологиям.

Рассеяние русофонов по разным частям света и различным государствам происходило по

историческим, экономическим, семейным и прочим причинам, которые относятся к

прошлому. Учитывая сегодняшний прогресс и наличие вызовов современного мира,

рассеяние русофонов, очевидно, будет продолжаться по иным причинам. Оно будет в

большей степени становиться универсальным и не будет связано только с одной страной.

Общение между русофонами мира уже существует, благодаря Интернету, средствам

коммуникации и массовой информации. Это – богатое и насыщенное общение,

касающееся всех областей человеческой деятельности, однако оно представляет собой

реальность де-факто, не имеющую ни признания, ни гарантий, которые обеспечивали бы

его жизнеспособность в свете тенденции унификации мирового культурного пространства.

Русский язык – общее достояние русофонов всего мира, независимо от гражданства, родного языка и других языков, на которых они говорят. Всемирное распространение и сохранение русофонии одна из гарантии многообразия культур и цивилизаций на планете, что является наилучшем предохранителем против возможных попыток гегемонизма.

Русофония это осознание, что русский язык – необходимое средство общения для многих стран и людей, как на личностном, так и на мировом уровнях, наравне с другими языками.

 

В субботу 16 сентября 2006 г. состоялось первое, учредительное, собрание Союза русофонов

Франции (Union des Russophones de France). Информацию о Союзе русофонов Франции вы можете найти на сайте СРФ:

www.russophonie.org, либо обратиться в Правление по email : union@russophonie.org.

Так-же можете посмотреть www.prix-russophonie.org

Union des Russophones de France Союз русофонов Франции

Association régie par la loi du 1er juillet 1901

14, rue des Tapisseries, 75017 Paris

www.russophonie.org ; union@russophonie.org

 

Logo de l’Union des russophones _

 

 

 

Résumé en français :

 

La notion de russophonie répond à la réalité géopolitique contemporaine, quinze ans après l’éclatement de l’URSS, et les vagues d’émigration de populations russophones qu’a connues le siècle dernier dans le monde entier. Elle recouvre aujourd’hui un espace important dépassant de beaucoup la seule Russie et concerne environ 300 millions de personnes à l’échelle mondiale. Elle est le produit de l’Histoire, de migrations de populations et des progrès techniques.

A la suite des bouleversements du XX-ème siècle, de nombreuses populations, administrées à certains moment par l’Empire russe, l’URSS, ou plus tard, la Fédération de Russie, voire d’autres Etats ex-soviétiques, se sont trouvées dispersées de par le monde. Soit en tant qu’entités ou nations partiellement russophones, soit en tant qu’individus, pour qui la langue russe est une part plus ou moins importante de leur personnalité, de leurs connaissances et de leur culture.

Le russe s’avère particulièrement utile pour la communication entre nationalités et pour accéder à des connaissances et des technologies peu accessibles dans des langues plus locales. Il en résulte que la langue russe est devenue un patrimoine mondial, une richesse commune à de nombreux Etats, nations et personnes dispersés à travers tout le globe. Sur internet, où le monde russophone se montre particulièrement actif et créatif, la russophonie est une réalité mondiale concrète et vivante.

Le russe n’est plus la langue appartenant à la seule Russie. Il est devenu l’outil de communication commun privilégié, souvent indispensable et unique dans beaucoup de pays de l’ex-URSS voire de l’est de l’Europe ou entre personnes y ayant vécu. Il est un lien avec le reste de la communauté internationale.

Le maintien de son caractère mondial aux cotés d’autres langues comme le français, l’espagnol, l’allemand, l’arabe ou le portugais est aussi une importante garantie de préservation de diversité culturelle et intellectuelle dans le monde sous le monopole de fait de l’anglais. Une véritable œuvre de biodiversité dans le domaine culturel avec une implication réelle pour un monde vraiment multipolaire, meilleure garantie contre d’éventuelles hégémonies.

 

Précisions supplémentaires sur : www.russophonie.org, ou  www.prix-russophonie.org

Dimitri de Kochko