En créant le Concours International de piano de Novossibirsk, d’anciens élèves et disciples avec le soutien de la FONDATION BORIS ELTSINE rendent hommage à la pianiste française victime du Goulag Vera Lautard.
La Fondation Eltsine a décidé de soutenir et financer le concours créé en 2005 par d’anciens élèves et des admirateurs de Véronique Lautard à Novossibirsk dès le début. Le Concours est également reconnu et soutenu par la Région, l’Opéra, la Philharmonie et le Conservatoire Glinka de Novossibirsk. Il bénéficie du soutien et de la coopération de l’Agence Fédérale pour la Culture et le Cinéma et de l’Union Internationale des Acteurs Musicaux du département sibérien de l’Académie des Sciences.
Fascinant destin que celui de la pianiste française, Vera Lautard-Chevtchenko qui a inspiré au réalisateur Valery Akhadov le film « Ruth » (1989) dans lequel le rôle de Vera est interprété par Annie Girardot. Dès l’âge de 12 ans, Véronique Lautard joue dans l’orchestre du célèbre chef d’orchestre italien Arturo Toscanini. Elle étudie aussi à Paris auprès d’Alfred Cortot dont elle partagera toujours l’attachement à Chopin et à Debussy.
La presse européenne du début des années 1920 témoigne de ses succès lors de tournées qui la conduisent jusqu’à New York et Buenos Aires.
A Paris, elle épouse Vladimir Chevtchenko, collaborateur du bureau commercial soviétique. En 1938, le couple et ses enfants déménagent en URSS.
Il y est accueilli avec la plus grande suspicion. Son mari est arrêté et fusillé puis, à son tour, c’est elle qui est envoyée dans les camps staliniens où elle restera 13 ans à Sakhaline puis à Sevuralag. Durant ces années, elle « joue » sur un clavier muet qu’elle a taillé dans le bois de son châlit.
A sa libération, elle travaille à Nijnyi Taguil (Oural), à Barnaoul dans l’Altaï, au sud de Novossibirsk. En 1965, un article de la Komsomolskaïa Pravda la sauve, Mikhail Lavrentiev, académicien fondateur de la branche sibérienne de l’Académie des Sciences de l’URSS l’invite à travailler à Akademgorodok, près de Novossibirsk.
Ce sont 16 années de bonheur. Elle enchaîne les tournées à Moscou, Leningrad, Odessa, Novossibirsk, Omsk, Sverdlovsk, Kiev, interprète Bach, Beethoven, Chopin, Debussy et triomphe dans l’interprétation de trois sonates et du 5ème concerto de Beethoven sous la direction de Vassili Siniavski.
On lui propose maintes fois à l’époque de revenir en France, propositions qu’elle décline : « Ce serait trahir la mémoire des femmes russes qui m’ont aidée à survivre à l’enfer de la réclusion », dit-elle.
Vera Lautard-Chevtchenko s’éteint en 1981, ne laissant que sept morceaux enregistrés. Elle repose au cimetière sud d’Akademgorodok. Sur sa tombe sont gravés ces mots : «bénie est la vie de celui qui a rencontré Bach ».
La première édition du Concours s’est déroulée en 2006 à Novossibirsk. Le premier jury présidé par le pianiste français François DEVOYON et constitué par des musiciens de renom, a récompensé des lauréats dans deux catégories : junior (16 / 18 ans ) et adulte ( 20 ans et plus).